Qualité de l’air intérieur : comment l'améliorer ?
Emanations toxiques, composés organiques volatils, perturbateurs endocriniens… l’air intérieur est jusqu’à 10 fois plus pollué que l’air extérieur, avec des effets néfastes sur la santé tels que des irritations des voies respiratoires, des allergies et le cancer. Les solutions existent pour réduire les polluants en intérieur : privilégier certains matériaux et en éviter d’autres, appliquer des gestes simples comme aérer régulièrement… Découvrez tous nos conseils pour améliorer la qualité de l’air intérieur de votre logement.
Pourquoi se préoccuper de la qualité de l'air intérieur ?
10 fois plus pollué qu’à l’extérieur
Quand on pense pollution de l’air, on pense souvent à l’air extérieur, en particulier dans les villes où la densité de population est élevée. Pourtant, d’après l’ADEME, l’air intérieur est jusqu’à 10 fois plus pollué que l’air extérieur !
Nous passons plus de 80% de notre temps dans des lieux clos ou semi-clos. À la maison, au bureau ou à l’école, dans les transports. On comprend pourquoi il est nécessaire de s’intéresser à la qualité de l’air intérieur (QAI) et surtout de comprendre comment en limiter l’impact sur notre santé.
Des Conséquences sur la santé
Ces polluants, bien présents dans nos intérieurs, peuvent avoir des effets néfastes sur la santé. Maux de tête, difficultés de concentration, fatigue et irritations des voies respiratoires peuvent évoluer en asthme et en allergies. D’ailleurs, l’asthme est une maladie de plus en plus fréquente. Le nombre de cas a doublé depuis 10 ans et touche désormais environ 1 enfant sur 10.
D’après une étude de l’Anses de 2014, 20 000 décès par an seraient directement liés à une mauvaise qualité de l’air intérieur en France et on estime à 28 000 nouveaux cas de maladies par an. A l’échelle mondiale, l’OMS annonce 3,2 millions de personnes qui meurent chaque année de maladies imputables à la pollution de l’air à l’intérieur des habitations.
Certaines substances comme le formaldéhyde ont un effet cancérigène voire génotoxique. Le Comité Scientifique Européen pour la Santé et l’Environnement a d’ailleurs classé le formaldéhyde en tête des substances préoccupantes de l’air intérieur.
Les sources de pollution intérieure
Les sources de pollution dans nos intérieurs sont multiples. Les polluants peuvent être : chimiques, bio-contaminants ou physiques.
Du tabac qui contient plus de 3000 substances dangereuses jusqu’aux composés organiques volatils – appelés COV – générés par certains meubles et revêtements, mais aussi la moisissure, les particules fines de produits cosmétiques ou d’entretien comme l’eau de Javel mais aussi les parfums d’intérieur, l’encens et bougies parfumées.
Le radon, un gaz radioactif et inodore généré par les roches granitiques et volcaniques (Bretagne, Vosges, Corse notamment) est la deuxième cause de cancer du poumon après le tabagisme.
Slow décoration et qualité de l'air intérieur
La Slow decoration est une approche holistique pour aménager et organiser son lieu de vie. A la fois de manière plus responsable d’un point de vue environnemental mais aussi en matière de santé. Décorer slow consiste à prendre soin de soi et de sa santé, en veillant à garder un intérieur sain.
Choisir des matériaux naturels et sains
© Kipli
Les matériaux naturels tels que le bois massif sont par exemple à privilégier par rapport aux meubles en bois aggloméré ou en plastique. Ces matières génèrent des émissions toxiques dans l’air, surtout si les meubles sont neufs et même fabriqués avec des panneaux de classe E1, garantie d’une teneur plus faible en formaldéhyde.
Pour les sols, évitez les sols vinyles et le parquet stratifié en PVC au profit du parquet massif, du linoléum ou du carrelage. Les tapis et moquettes accumulent de la poussière et doivent régulièrement être aspirés.
Des revêtements à éviter
En ce qui concerne les papiers peints ou les peintures, les alternatives existent aujourd’hui. Les peintures glycéro à base de solvant sont clairement à bannir, mais choisir une peinture à base d’eau ne garantit pas qu’elle soit saine.
Des peintures biosourcées, fabriquées en partie à partir d’éléments naturels et renouvelables sont aujourd’hui disponibles. On pense notamment aux peintures Algo et Colibri qui sont de plus fabriquées en France.
© Algo
© miluccia
Sur les murs, évitez au maximum les revêtements fabriqués à partir de PVC qui libèrent des phtalates et d’autres COV. On en trouve dans le papier peint vinyle, expansé et adhésif – aussi appelé Peel and stick – mais aussi dans les lames adhésives ou clipsable. Le papier peint classique étant fragile, l’intissé sera une excellente alternative, à condition de choisir ceux exempts de PVC.
Veillez aussi à éviter les papiers peints fabriqués à l’aide d’encres à base de solvant, qui génèrent des émanations toxiques plusieurs mois après leur installation.
Le rôle des certifications et labels écologiques
Pas facile de s’y retrouver entre tous les pictos et logos, aussi verts soient-il. Plusieurs éco-labels ont été créés pour guider nos choix, chacun avec ses particularités et niveaux de tolérance différents.
En ce qui concerne la qualité de l’air intérieur, un étiquetage obligatoire a été mis en place en France en 2013 pour classer les émissions de polluants volatils des produits de construction. Cette étiquette obligatoire concerne les cloisons, revêtements de sols, isolants, peintures, vernis, colles… à partir du moment où ils sont destinés à un usage en intérieur.
Avec une note allant de A+ (très faibles émissions) à C (fortes émissions), cette classification fonctionne un peu sur le même modèle que l’étiquette énergétique.
Pourtant, même les produits classés A+ ne sont pas irréprochables. Une étude publiée en juin 2023 par l’Institut national de la consommation (INC) en partenariat avec l’ADEME a démontré que des peintures avec un classement A+ génèrent jusqu’à 1 000 μg/m3 de COV après 28 jours de séchage, un seuil bien trop élevé pour éviter tout risque sanitaire.
L’UFC QueChoisir recommande de faire évoluer la certification pour que le seuil soit divisé par 10 et en ajoutant un seuil trois jours après application.
Que faire pour éviter la pollution de l’air intérieur ?
Aérer son logement
Aérez votre logement 10 minutes tous les jours, hiver comme été. Le mieux est de créer un courant d’air. Ouvrez également les fenêtres quand vous faites le ménage ou du bricolage. Ne fumez pas en intérieur, même fenêtres ouvertes.
Vérifier la ventilation
Utiliser des produits de nettoyage naturels
Certains produits de nettoyage peuvent contenir des substances polluantes et des risques pour la santé. Privilégiez les produits naturels tels que le vinaigre blanc, l’acide citrique et le savon noir. Evitez l’eau de javel, les lingettes et les produits en spray.
Limiter au maximum les COV et les phtalates
Choisissez une peinture classée au minimum A+ et de préférence biosourcée. Laissez aérer la pièce pendant 3 jours après application. Pour le papier peint, préférez un intissé fabriqué sans PVC. Au sol, évitez aussi le PVC en optant pour du parquet massif, du linoléum ou du carrelage.
Certains meubles (en bois aggloméré notamment) dégagent des substances chimiques pendant plusieurs jours, voire plusieurs semaines après l’ouverture de l’emballage. Pensez au mobilier d’occasion ou veillez à bien aérer la pièce plusieurs jours après montage, surtout dans une chambre d’enfant.
Faire contrôler les appareils à combustion
Les installations de chauffage et de production d’eau chaude peuvent dégager du monoxyde de carbone, un gaz toxique et mortel, et pourtant inodore et invisible. Faites contrôler tous les ans. les chauffages d’appoint ne sont pas dédiés à chauffer votre logement en continu.